La section grenobloise du Cercle Droit et Liberté (CDL) a fait ses premiers pas avec une conférence sur le laxisme pénal, le 2 octobre 2025. Malgré les perturbations de transport à Grenoble, plus de 200 étudiants ont fait le déplacement à l’amphithéâtre 1 Pierre Mendès-France de l’Université Grenoble Alpes pour participer à cet événement de lancement. ​​

Des intervenants de marque pour déconstruire les préjugés

La conférence a pu compter sur la présence de deux grands noms de l’avocature : Me Fabien Rajon, avocat pénaliste du barreau de Lyon spécialisé dans l’aide aux victimes et Me Bernard Boulloud, avocat spécialiste du droit des disparitions au barreau de Grenoble. Tous deux issus de l’Université Grenoble Alpes, ils ont apporté aux étudiants un éclairage nuancé et concret sur cette thématique souvent caricaturée. ​

Vincent Cellier, président de l’association CDL Grenoble, a lancé les discussions en questionnant la définition du laxisme pénal. Cette démarche a permis d’établir les fondations d’un dialogue franc et sans complaisance.

Une étude du système pénal français


Le laxisme pénal : une notion subjective mais existante

Me Rajon a d’emblée recadré en soulignant que le laxisme pénal est une perception subjective, liée à l’expérience individuelle avec la justice. Il a aussi insisté sur l’effet psychologique de la temporalité judiciaire sur les accusés. ​

Cette observation rejoint les études récentes sur le sujet, comme celle de l’Institut pour la justice qui montre qu’en 2022, pour plus de 90% des délits, la prison ferme est minoritaire dans les condamnations des tribunaux français. ​

Me Boulloud a renchéri en soulignant que les juges appliquent la loi et que si la justice est laxiste, c’est que le législateur l’est aussi. Il a exhorté les étudiants à se mettre dans la peau du juge pour mesurer le poids des responsabilités dans la prise de décision.

Violences sexuelles : entre resserrement des peines et enjeux probatoires

Un moment fort de la conférence a été le traitement des violences sexuelles. Me Boulloud m’a confié que contrairement à ce que l’on pense, les peines pour crimes sexuels ont augmenté depuis plusieurs années, tandis que celles pour les narcotrafiquants ont diminué. ​

La difficulté majeure est la preuve dans ces affaires qui se résument souvent à des “paroles contre paroles” en l’absence de témoins ou de preuves matérielles. Cette question est d’autant plus délicate que la majorité des agressions sexuelles sont perpétrées par un proche de la victime, ce qui engendre une pression sociale qui rend les dénonciations difficiles. ​

Des progrès ont cependant été accomplis : création de cours départementales où un magistrat prononce le jugement (sans les aléas des jurys populaires), mise en place de fonds d’indemnisation pour compenser l’insolvabilité des coupables. ​

Le droit pénal des mineurs : l’ordonnance de 1945 inadaptée


La fin du débat a porté sur le droit pénal des mineurs, sujet brûlant depuis les émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk. Me Boulloud a rappelé que le droit pénal des mineurs n’a pas évolué depuis 1945, ce qui le rend inadapté aux réalités actuelles. ​

Cette analyse rejoint les observations officielles, l’ordonnance de 1945 ayant été remplacée en 2021 par le Code de justice pénale des mineurs. Les orateurs ont fustigé l’instrumentalisation des mineurs par les gangs qui profitent de cette pseudo impunité ​

Me Rajon a qualifié l’ordonnance de 1945 de “totem” qu’il faudrait abattre par réalisme mais que l’on conserve par idéologisme, confirmant par son expérience l’attitude désinvolte des mineurs dans les couloirs des tribunaux, signe d’un sentiment d’impunité. ​

Un échange animé par les questions du public

La soirée s’est terminée par une session de questions-réponses sur l’affaire Sarkozy, l’inaction de la police dans certains cas de violences sexuelles avérées et les problèmes d’insécurité. Les deux avocats ont répondu longuement, alimentant encore plus les échanges. ​

Une promesse : “Pas de politiquement correct.”

Comme promis, le CDL Grenoble a livré un contenu sans langue de bois, sans filtre, avec le regard d’experts reconnus sur des thématiques pointues. Ce franc-parler a visiblement conquis le public étudiant, venu en nombre malgré les problèmes de transport.

L’équipe du CDL Grenoble prépare déjà de nouveaux événements pour poursuivre sur cette lancée et continuer à faire progresser le débat juridique grenoblois. Ce premier succès est de bon augure pour la suite des activités de l’antenne locale du Cercle Droit et Liberté.

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