Faut-il pénaliser l’antisionisme ? C’est en tout cas la proposition d’un député LREM

Faut-il pénaliser l’antisionisme ? C’est en tout cas la proposition d’un député LREM

Au lendemain des rassemblements contre l'antisémitisme, nombreux sont les responsables politiques demandant à passer du symbole aux actes. Quid de la pénalisation de l'antisionisme ?

 

Antisionisme contre antisémitisme

Une proposition commence à être évoquée : la pénalisation de l'antisionisme. L'antisionisme désigne l'opposition au projet d'établissement d'un foyer national juif en Palestine. Ainsi, les opposants à l'Etat d'Israël se réclament fréquemment de "l'antisionisme", insistant sur la distinction à opérer entre l'hostilité au peuple juif (i.e. l'antisémitisme) et l'opposition au projet politique d'établissement d'un Etat juif sur les terres revendiquées par les Palestiniens.

 

Une ambiguïté volontaire ?

Les partisans de la pénalisation de l'antisionisme déplorent une forme d'ambiguïté entre les termes, accusant lesdits "antisionistes" d'antisémitisme caché. L'antisionisme serait la "forme politiquement correcte de l'antisémitisme", a par exemple avancé le député Meyer Habib, lui-même ouvertement partisan de l'Etat d'Israël.

A l'origine de la proposition, le député Sylvain Maillard (LaREM) a déclaré, en référence à l'agression verbale subie par Alain Finkielkraut le 16 février dernier : "En disant sale sioniste de merde, en fait il est en train de dire sale juif de merde".

 

La question de la liberté d'opinion

Les militants antisionistes, eux, évoquent la liberté d'opinion, un droit protégé par l'article 10 de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, selon lequel "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions". Une telle liberté est également reprise par de nombreuses normes internationales et jurisprudences européennes.

La pénalisation proposée serait donc, aux yeux des concernés, une atteinte à une liberté à valeur constitutionnelle.

Le député Maillard, précise qu'il serait encore possible de "critiquer le gouvernement d'Israël, mais pas (de) remettre en cause l'existence même de cet Etat". Il rejoint ainsi la position du Secrétaire général des Nations Unies António Guterres, selon lequel "la forme moderne de l’antisémitisme est de nier l’existence de l’État d’Israël".

Le Président de la République a, quant à lui, d'abord fait part de son opposition personnelle à la pénalisation de l'antisionisme : "Je ne pense pas que pénaliser l'antisionisme soit une solution" a-t-il déclaré le 19 février.

Toutefois le lendemain, lors du dîner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), le chef de l'Etat semble avoir changé d'avis sur la question : "La France mettra en oeuvre la définition de l'antisémitisme adoptée par l'Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah" (laquelle intègre l'antisionisme), a-t-il dit, déclarant, lui aussi, que "l'antisionisme est une des formes modernes de l'antisémitisme".

Réflexion :

Doit-on prendre le risque d'entraver à la liberté d'opinion en vue de lutter contre l'antisémitisme ?

La pénalisation de l'antisionisme est-elle proportionnée ?

Critiquer la politique d'un pays étranger doit-il valoir condamnation pénale ?

 

Sources :

LCI

i24NEWS

France Info

Huffington Post

Le Nouvel Obs

Le Figaro

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